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Mettre en scène
17 janvier 2011

interview nicolas lormeau (3)

L'Ecole des Lettres: De son point de vue, Jourdain ne réussit-il pas d'une certaine façon?

Nicolas Lormeau: Si, et sa réussite est même complète, car plus il se ridiculise aux yeux des spectateurs, plus il s'aveugle dans l'illusion, pour ne plus jamais revenir au réel. C'est le sens de la cérémonie final où il est fait mamamouchi, comparable à l'intronisation* d'Argan en médecin à la fin du Malade imaginaire: les deux hommes se perdent dans leur imaginaire.

L'Ecole des Lettres: Peut-on y voir un hommage de Molière au théâtre?

Nicolas Lormeau: Bien-sûr: pour Jourdain, tout n'est que théâtre, et à la fin, il est englouti, aspiré par le théâtre. Plusieurs passages de la pièce présentent d'ailleurs du théâtre dans le théâtre, surtout au moment où, à la fin, Covielle, le valet de l'amoureux de la fille de Jourdain, s'improvise carrément metteur en scène en avouant à son maître qu'il a tout préparé pour berner le héros : « J'ai les acteurs, j'ai les habits tout prêts: laissez-moi faire seulement. ».

L'Ecole des Lettres: Molière nous plonge ainsi dans une esthétique baroque?

Nicolas Lormeau: Tout à fait, puisque ce jeu entre réalité et illusion constitue le propre du théâtre baroque, et le bourgeois gentilhomme est l'une des pièces les plus baroques de Molière, non seulement parce qu'elle est fondée sur le déguisement, mais aussi parce qu'elle mêle différentes tonalités : par exemple, l'idéalisation propre à la pastorale, présente dans les chansons du début, contraste avec le r

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